« Bien trouvé le titre ! » dit-on à la rédaction. C’est vrai, je l’avoue modestement, il fallait le trouver. Comme quoi la canicule de ce début Juillet ça peut inspirer ! En effet, je suis parvenu, c’est une aubaine pour la rédaction, à jumeler chronique musicale et bulletin météo. Pas d’applaudissements je vous en prie, cela me gêne.
Mercredi 1er Juillet, j’étais censé aller au Triton pour y écouter Bruno ANGELINI quartet. Par prudence, j’ai renoncé non pas à cause de la musique, chacun sait que généralement je suis prêt à tous les sacrifices, mais en raison du record de chaleur à Paris, 42 ° en température « ressentie » comme dirait Monsieur METEO sur « Télé Alzheimer », pardon, sur I Télé. Je me suis consolé en écoutant le CD récemment sorti « Instant Sharings ». Ah pardon, j’allais oublier, encore la chaleur, la composition du quartet : Bruno ANGELINI, piano, Régis HUBY, violon, Claude TCHAMITCHIAN, contrebasse, « electronics » et Edward PERRAUD, batterie, percussions. L’acquisition de cet album est fortement recommandée.
Jeudi 2 Juillet, j’ai bravé la canicule, résisté à la « fournaise du métro », pour aller au TRITON dont je ne vous indique plus l’adresse. Bel effort mais récompensé par la prestation virevoltante et jubilatoire du duo « Babies » formé de Roberto NEGRO, piano et objets, et de Théo CECCALDI, violon et alto. Ces deux-là, comme à chaque fois, nous ont particulièrement gâté. Un seul regret toutefois : la faible assistance dans la salle. Maudite chaleur !
Vendredi 3 Juillet, au même endroit, j’ai assisté au concert de « BIG FOUR », quartet créé en 2009 et comprenant Julien SORO, saxophone alto, Fabien DEBELLEFONTAINE, sousaphone, Stéphane CARACCI, vibraphone et Rafael KOERNER, batterie. Il y avait un invité « surprise » en la personne de Quentin GHOMARI, trompette et bugle, membre de « PING MACHINE » comme certains de ses complices de cette soirée, et aussi de « PAPANOSH » groupe dont je vous ai parlé à l’occasion d’une soirée « mingusienne » à la Dynamo.
« BIG FOUR » s’est manifesté une fois de plus par une créativité et un son originaux. Des hommages ont été rendus à des musiciens récemment disparus comme Charlie HADEN et Ornette COLEMAN, et aussi, je vous rassure, à des « vivants » comme Bobby HUTCHERSON. Même si Julien SORO peut agacer certains par sa « gesticulation » sur scène et ses débordements, il n’en demeure pas moins qu’il est un des saxophonistes les plus intéressants de la scène européenne de jazz actuelle. Nous étions hélas à peine plus d’une vingtaine à avoir bravé les fortes chaleurs mais, comme la veille, cela en valait la peine.
Sorti de ma torpeur dominicale dont vous imaginez aisément la cause, je suis allé à la deuxième journée du week-end N° 5 intitulé « PARIS – NEW YORK » du PARIS JAZZ FESTIVAL au parc floral de Paris et non de Vincennes comme je l’ai écrit par erreur dans une précédente chronique. « Par contre, il y a BENIZEAU de Vincennes » s’exclame en riant la rédactrice en chef. Très drôle ! Donc, dimanche 5 Juillet, pas de concert sur la barge en raison d’une alerte « canicule », ah bon ! Tout le monde à l’espace Delta.
En première partie, nous avons eu droit au quartet du saxophoniste ténor, Jérôme SABBAGH, avec Jozef DUMOULIN, le « Buster Keaton » du Fender Rhodes (je vais me faire encore bien voir), Joe MARTIN, contrebasse, et Ted POOR, batterie. Que dire de ce set ? J’ai entendu un groupe cohérent et équilibré, jouant une musique qui aura sûrement ravi les nostalgiques des plus belles heures du be-bop gravées sur le label BLUE NOTE. En résumé, classique voire classieux mais terriblement lisse (c’est un euphémisme).
En seconde partie, le pianiste Jason MORAN s’est produit en quintet avec Leron THOMAS, trompette, voix, Lisa E. HARRIS, voix, Tarus MATEEN, basse, et Charles HAYNES, batterie (Un nom prédestiné pour un batteur!). Ce musicien s’est vu récemment commander une célébration de l’une des figures marquantes du piano stride, Fats WALLER, également connu des cinéphiles pour sa participation, entre autres, au film « STORMY WEATHER ».
C’est cet hommage, résolument moderne tout en respectant l’esprit, qu’a interprété Jason MORAN en mettant l’accent sur le côté fantasque de Fats WALLER et en mêlant musique, invitation à la danse et théâtralité. L’artiste a porté, pendant une grande partie du concert, un masque intégral du musicien célébré. Quel mérite avec ce temps ! Les membres du quintet se sont montrés à la hauteur de leur talentueux leader, notamment la chanteuse Lisa E. HARRIS tout à fait étonnante tant par sa prestation vocale que par sa présence scénique. Jason MORAN a été éblouissant tant au piano qu’au Fender Rhodes. Ah ce solo au piano en fin de concert ! J’en suis resté pantois (avec ou sans la corde me dit-on à la rédaction). D’accord j’emploierais le mot « épaté » la prochaine fois. Jason MORAN et son groupe ont été longuement ovationnés par le public venu nombreux. Un grand merci Mr MORAN pour ce grand moment festif.
Parmi tous les concerts à venir en ce chaud mois de juillet, je vous recommande particulièrement celui du trio d’Andy EMLER au TRITON le vendredi 10.
A bientôt, peut-être ! Tiens quelqu’un à la rédaction a cru bon, sans doute à cause de mon intolérance à la chaleur, de poser sur mon bureau le classement 2015 des meilleures maisons de retraite ! Quelle délicate attention ! Bon, ce n’est pas tout çà mais il faut que j’aille prendre mes gouttes.
Ilivier Benizeau