« Collision Collective » à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin
Conversation avec Olivier Benizeau
La Valle dei Templi: Depuis quelques temps, tu t’es singularisé par l’éclectisme de tes chroniques puisque tu as abordé des genres musicaux différents : fin avril-début mai, c’était les musiques improvisées avec TRICOLLECTIF, puis début mai tu as parlé de la musique religieuse arménienne à l’occasion d’un concert de Tigran HAMASYAN à Bordeaux et tes deux derniers articles ont porté sur les musiques du monde. Cette fois-ci, il s’agit de « Collision Collective » à la Dynamo à Pantin. En quoi a consisté cet évènement qui s’est d déroulé du 3 au 5 Juin ?
Olivier BENIZEAU : “Cet évènement a vu le jour à l’initiative de cinq collectifs, « Les Vibrants Défricheurs » de ROUEN, « Capsul » de TOURS, « 1NAME4ACREW » de NANTES, « GROLEKTIF »de LYON et « COAX » de la région parisienne, et a proposé cinq festivals dans cinq villes différentes depuis janvier 2015, sur vingt lieux partenaires. D’autres collectifs, comme UMLAUT et TRICOLLECTIF par exemple, ont été conviés à ces manifestations. C’est à la Dynamo que s’est achevé cet évènement“.
LVDT : Peux-tu nous expliquer le nom « Collision Collective » ?

O.B. : “Pour « Collision » je vais livrer une explication tout à fait personnelle. J’ai bien dit « Collision » et non collusion sinon je serais en train de parler de la FIFA. Pour moi ce terme implique les notions de « choc », sans doute sonore, et « transmission d’énergie » entre collectifs. « Collective » se rapporte au mode d’organisation qui s’est particulièrement développé depuis le début des années 2000, voyant des musiciens se regrouper en collectifs de manière à être les organisateurs et les producteurs de leur création et donc de leur destinée. Cela permet également aux artistes de diversifier leur collaboration. Certains collectifs ont même créé leur propre label”.
LVDT : Quel est le genre de musique joué par ces collectifs ?
O.B : Je dirais que la particularité de ces collectifs est de ne pas se situer dans une qualification stylistique précise et de donner une large part à l’improvisation, sans pour autant s’affranchir des influences « jazz », « rock », « noise », « électro » et « musique contemporaine ».
LVDT : Tu as assisté aux premier et troisième jours de ce festival, puisque tu as fait un tour ou un détour, entre les deux, au Studio de l’Ermitage pour le concert de sortie du dernier album d’Edward PERRAUD. Qu’as-tu retenu de ces deux journées ?
O.B : “Tout d’abord, je regrette de ne pas avoir pu assister aux tables rondes organisées le deuxième jour dans l’après-midi. Ensuite, pour faire court, le premier jour c’était la mise en place avec les imperfections que cela induit. Des trois sets auxquels j’ai assisté, c’est celui d’HIPPIE DIKTAT du collectif COAX qui m’a particulièrement plu. On peut toujours émettre des réserves sur la durée de cette performance mais j’en retiendrais la puissance de la musique improvisée de ce groupe, « surfant » sur le rock, le free et le Noisy. Je recommande d’ailleurs fortement le CD de ce groupe intitulé « Black Péplum » paru chez Coax Records. Oreilles sensibles s’abstenir !!! J’allais oublier la composition de cette formation : Antoine VIARD, saxophone baryton, Richard COMTE, guitare, et Julien CHAMLA, batterie.

Le troisième jour de ce festival m’a paru le plus cohérent. Cela a commencé par « UMLAUT Chamber Music »du collectif UMLAUT, avec notamment Eve RISSER au piano, puis cela a continué avec «Nuage Magique » des « Vibrants Défricheurs » avec la surprise de voir un « rameur d’appartement » utilisé comme un instrument de musique, et enfin, le dernier set a donné l’occasion d’écouter « Collision Ensemble » constitué de musiciens appartenant aux collectifs Coax, Vibrants Défricheurs, Capsul, 1name4aceraw, Grolecktif, Umlaut, Muzzix.
Si je devais retenir une formation en particulier ce serait la dernière qui m’a plu par sa cohésion et aussi par la variété des ambiances et des rythmes de la musique interprétée. Sakina ABDOU, saxophone alto et flûte à bec alto, et Joachim FLORENT, contrebasse, m’ont notablement impressionné”.
LVDT : Et en conclusion ?
O.B : “Il faut absolument encourager cette nouvelle scène musicale et son mode d’organisation à l’heure où le jazz et les musiques actuelles se raréfient dramatiquement à la radio, et je ne parle pas de la télévision, et où les grands festivals nous resservent, d’une année sur l’autre, des programmations « réchauffées ». Je ne saurais terminer sans souligner, une fois de plus me direz-vous, l’immense mérite qu’a la Dynamo de Banlieues Bleues de soutenir sans relâche les projets de ces collectifs”.
LVDT : Et le concert d’Edward PERRAUD ?
O.B : “Je ne partage pas l’enthousiasme des gens de radio et des professionnels de la chronique car je n’ai réellement vibré que lorsque le quartet du « batteur leader » a été rejoint par Daniel ERDMANN, saxophone ténor, et Thomas DE POURQUERY, saxophone alto, et au final, par Fabrice MARTINEZ, trompette. Je dois reconnaître la belle présence scénique d’Edward PERRAUD, comparée ironiquement au « Muppet Show » par un de ses fidèles compagnons de route !!!”
Alors, à bientôt peut-être…