J’étais tout guilleret en arrivant ce matin à la rédaction avec ma nouvelle chronique quasiment prête sous le bras. Mais quelle n’a pas été ma surprise ! Le désert dans la « rédac ». Certes, je savais que la « cheffe » était partie en Italie pour se ressourcer et soi-disant pour travailler dans un environnement paisible. Chère madame, je vous rappelle que l’ordinateur portable ne supporte ni le sable, ni le sel et encore moins la plongée sous-marine, ni d’ailleurs le débordement accidentel de « Lacrima Christi » sur le clavier ! Quant aux autres absents, je devrais plutôt employer le terme de déserteur, je leur rappelle le manque de confort d’un ordi lorsqu’il est utilisé comme oreiller ! Non je ne suis pas jaloux de cette désertion estivale, mais un peu de compagnie ne m’aurait pas fait de mal. Par contre, j’ai échappé cette année à la corvée d’arrosage des plantes. Une petite confidence, il paraît que la « cheffe » exige des gens qui vont hydrater ses plantes chez elle, qu’ils parlent à celles-ci. A mon avis, la rédac ’chef devrait arrêter le marsala en intraveineuse !
Au fait, il faudrait peut-être que je vous parle de mes dernières sorties. Tout d’abord, j’ai assisté le mercredi 4 Juillet à un des derniers concerts de la « Feria », festival pluridisciplinaire « à débordement » organisé par l’Atelier du Plateau à l’occasion de sa fin de saison et dont la direction artistique a été confiée, cette année, au prodigieux violoncelliste, Vincent Courtois. Zut, voilà que j’ai sorti l’encensoir, sans doute la chaleur sévissant actuellement à Paris en est la cause. Un ramollissement cérébral soudain ? C’est la rédac ‘chef qui va se réjouir, elle va enfin comprendre ce que j’écris. Certes, cet évènement aurait mérité d’être traité en exclusivité mais vous connaissez mon penchant pour le zapping !
Sinon, j’ai assisté à deux concerts du « Festival All Stars » se déroulant au New Morning, l’un jeudi 5 Juillet avec Charles Lloyd and the Marvels, et l’autre, vendredi 6 avec le contrebassiste Ron Carter et son « Golden Striker Trio ». Je me doute qu’à la lecture de ces noms, la « cheffe » va dire : « Tiens Olivier nous fait sa cure estivale de sénescence. » Elle me fait le coup chaque année. A sa place, je serais vigilante parce que lorsqu’on commence à se répéter…. Les honorables vieillards que je viens de citer, légendes vivantes du jazz, ont encore de beaux restes. Cependant, cette année, je me suis « épargné » Roy Ayers, un habitué du festival, 78 ans, les « Skatalites », oui avec un k Madame la rédac ‘chef à l’esprit mal tourné, ayant 54 ans d’existence, et le « Dirty Dozen Brass Band », groupe créé en 1977 (41 ans d’âge pour ceux qui seraient fâchés avec le calcul mental). Bon, vous me direz Charles Lloyd, 80 ans, et Ron Carter, 81 ans, c’est déjà pas mal. Alors que suis-je ? Gérontophile ou gérontophobe ? A vous de le dire. Charles Lloyd, sans doute incommodé par la chaleur, dans une salle archi-comble, nous a servi un premier set d’une demi-heure perturbé par un « incident d’incontinence », faisant craindre le pire. Notre artiste, ragaillardi lors du second set, a démontré qu’en dépit des années, il avait bel et bien conservé sa belle sonorité au saxophone ténor, mais sans les « échappées » d’autrefois. A la flûte, il a été plus convaincant mais j’aurais aimé qu’il en joue plus. Quant à ses partenaires : Bill Frisell, guitare, Eric Harland, batterie, Reuben Rogers, basse électrique et Greg Leisz, pedal steel guitar, ils ont « assuré », c’est le moins qu’on puisse dire. On a eu droit pour le rappel à une version épatante de « Sombrero Sam », de quoi ravir les jazzophiles les plus anciens… comme moi. Oups !
Quant à Ron Carter et son « Golden Striker Trio », avec Russell Malone, guitare, et Donald Vega, piano, il nous a interprété une musique classique et classieuse nous ramenant quelques décennies en arrière, impression renforcée par le costume-cravate porté par ces messieurs et me faisant penser au Modern Jazz Quartet (clin d’œil pour les « vieux connaisseurs »). En tous les cas ce voyage dans le temps en a ravi plus d’un dont votre humble serviteur.
Dans les prochains jours, toujours dans le cadre de ce festival, je vais aller écouter des jeunes : le tromboniste Fred Wesley, 75 ans, ancien directeur musical de James Brown, et le batteur Billy Hart, bientôt 78 ans, autre grande légende du jazz. Il est temps de ranger les déambulateurs et de vous dire à bientôt… si je résiste à la canicule.
Olivier BENIZEAU