Je me doute qu’à la lecture du titre de cette chronique, on va encore me reprocher d’avoir cédé à la facilité. Que voulez-vous, c’était tellement tentant. De mémoire, dans une précédente chronique traitant de la musique malienne, j’avais écrit qu’elle était « complètement dingue ». Au moins, j’aurai su varier la facilité, hum !
Redevenons sérieux. Samedi 10 Décembre 2016, le festival AFRICOLOR qui en est à sa 28ème édition, proposait à la Maison de la Musique à NANTERRE (92) une soirée en deux parties intitulée « MALI BLUES ».

Le premier set s’appelant « Un jour de Blues à Bamako », création AFRICOLOR, consistait en une rencontre franco-malienne initiée et écrite par le guitariste Pierre DURAND (Non je ne piste pas ce musicien) et le flûtiste Joce MIENNIEL à la suite de leur immersion en février dernier dans l’univers musical de la capitale du Mali. La musique issue de ce projet est un alliage sans artifice entre le blues et les rythmes mandingues. Elle a été interprétée sous un arbre à palabres conçu de façon « Récup’ art » par trois musiciens français et trois musiciens maliens, soit de façon collective, soit sous la forme d’échanges entre la guitare de Pierre DURAND et le ngoni de Bina DIABATE, ou entre les percussions de Sébastien BRUN, créées à cette occasion, et la calebasse d’Amadou DAOU. Il était prévu que la flûte de Jocelyn MIENNIEL ait pour « interlocuteur » un violon monocorde mais le musicien malien en jouant n’a pu être présent pour raisons de santé et c’est donc une voix qui l’a remplacé. Et quelle voix ! Celle de Mamani KEITA, fabuleuse chanteuse malienne dont j’ai déjà vanté l’immense talent dans ces colonnes. Donc, cet échange de sons modernes, électriques et métalliques avec des sons plus traditionnels était aussi un hommage à un géant de la musique malienne, Ali Farka TOURE, décédé il y a dix ans. La création de nos deux explorateurs, Pierre et Joce, est une magnifique réussite qu’on ne se lasserait pas d’écouter tant pour sa beauté que pour sa richesse. Deux autres prestations sont prévues dans le cadre du festival : le vendredi 16 Décembre à la Maison Populaire à Montreuil (93) et le samedi 17 Décembre au Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis (93).

En deuxième partie, c’était Fatoumata DIAWARA qui se produisait avec trois musiciens, Jean-Baptiste GBADOE à la batterie, Alain HOHNY à la basse et Olivier TSHIMANGA à la guitare. Cette formidable artiste malienne de dimension internationale n’est plus à présenter : chanteuse, danseuse, guitariste et actrice (elle a joué dans le magnifique film « TIMBUKTU »). Sa musique est résolument moderne, sorte de folk africain avec des fulgurances rock ou funk. Avec sa voix chaleureuse et délicate, elle a interprété des chansons aux sujets graves exprimant son engagement et en même temps, elle a communiqué sa joie de vivre et fait chanter et danser le public. Un show, si l’on peut employer ce terme, de deux bonnes heures qui a « enflammé » l’assistance.
Cette soirée est le digne reflet des instants magiques que nous offre, chaque année, AFRICOLOR dont on attend avec impatience la 29ème édition.
A bientôt.
Olivier BENIZEAU