C’est une question qui me vient souvent à l’esprit ces derniers temps et pas plus tard qu’hier.
En effet, vendredi matin, 10 Octobre, il m’est arrivé une bien singulière aventure, mésaventure devrais-je dire !
Alors que j’allais prendre un petit café, comme chaque matin, dans une brasserie proche de mon domicile, j’ai trouvé celle-ci porte close, sans doute à cause d’une cruelle panne de réveil. Devant cet établissement, attendaient, entre autres, un employé ne détenant pas les clefs et une jeune femme mal voyante avec laquelle j’ai coutume de converser au comptoir.
Ne pouvant attendre, j’ai proposé à cette personne de venir avec moi dans un autre « bistro » situé boulevard du Montparnasse, côté numéros impairs, à l’angle de la rue de Vaugirard. Arrivés dans ce lieu, éclairé et portes ouvertes, et approchant du comptoir, nous avons été reçus, si l’on peut dire, par une jeune femme qui nous a dit que nous ne serions pas servis parce que cela n’était pas encore ouvert (sic). Aucune réaction humaine vis à vis de la personne m’accompagnant n’est venue, ne serait-ce qu’un court instant, à l’esprit de notre « hôtesse » pour qui la mise en place de l’établissement, apparemment en retard, avait, à ses yeux valides, la priorité absolue. Nous avons rebroussé chemin, ma compagne d’infortune se contentant de dire avec ironie que, décidément, cela serait dur de boire un café en ce jour.
Rassurez-vous, nous avons pris notre café quotidien à l’endroit habituel qui avait ouvert entre temps.
J’ai raconté à quelques personnes cette anecdote que je vous laisse le soin de qualifier comme vous voudrez et la réaction a été unanime : stupeur et décision immédiate de boycotter cet accueillant et chaleureux estaminet « ouvert sans être ouvert ».
Si je peux me permettre ce trait d’humour douteux, assurément l’expression « Pas vu pas pris » a encore de beaux jours devant elle.
Pour conclure, je me souviens qu’à l’adolescence, étant un grand amateur de HARA KIRI, journal bête et méchant comme chacun sait, j’avais fait un jour, dans cette veine, une plaisanterie sur les aveugles du style : « Moi les aveugles je ne peux pas les voir ! ». Je ne pensais pas que j’avais fait des adeptes !
Gabriel BERARD