Cela fait longtemps que je n’ai pas crié ma colère ni déversé ma bile. L’actualité nationale et internationale m’a rendu désabusé mais fort heureusement pas pour longtemps. Chassez le naturel il revient au galop aurait dit ma maman.
Alors Monsieur MACRON, Président de la République française, accessoirement de tous les français, je m’adresse à vous. Tout d’abord, permettez-moi de vous dire ou de vous rappeler que vous occupez la magistrature suprême dans notre pays. Alors arrêtez de suivre la mode des selfies. Vous n’êtes ni une vedette ni un sportif de renommée internationale. Et cela ne vous rendra ni proche de vos concitoyens ni populaire. Quant à la simplicité, mieux vaut en rire au risque de passer pour irrévérencieux. Tâchez seulement de conserver le respect dû à votre fonction.
Cela fait cinq mois que vous êtes à la tête de notre pays que vous avez l’intention de réformer. Vaste chantier à vrai dire mais vous auriez plutôt dû nous dire que vous aspiriez à transformer notre société en un univers ultra libéral. Une façon nouvelle par rapport à vos prédécesseurs de creuser le fossé social perceptible depuis longtemps en France. A une époque, on parlait de fracture sociale. Doux euphémisme aurait dit mon papa ! Avec vous ce sera un abîme insondable pour une France coupée définitivement en deux, d’un côté ceux qui avancent et de l’autre, ceux qui n’y arrivent pas, les fainéants dans votre langage choisi, je devrais dire dans votre science du bien dire. Et quand on pense que certains de ces fainéants foutent le bordel, pour reprendre un de vos bons mots pour vous mettre à la portée des « gens ».
Heureusement, avec votre nouvelle loi Travail, vous comptez affaiblir le rôle des syndicats qui sont déjà de moins en moins représentatifs, et remettre sur le droit chemin les travailleurs à qui il ne restera plus qu’à tout faire pour conserver, si possible, leur emploi.
Etes-vous le Président des riches, j’attends encore un peu pour savoir si cette étiquette qui vous a été collée, vous sied ou pas. En attendant vous allez supprimer l’ISF qui n’est pas suffisamment rentable, augmenter la CSG sur les retraites et taxer les fortunes immobilières. Sans doute n’aimez-vous pas les retraités soit parce qu’ils ont eu le malheur ou l’audace d’investir dans la pierre, soit parce qu’ils ont osé arrêter de travailler. En votre qualité d’ancien banquier, vous êtes selon toute vraisemblance favorable à la volatilité de l’argent dont profitent, comme chacun sait, les banques. En plus, vous pensez que la suppression de l’ISF va inciter ses anciens assujettis à investir dans notre économie. On peut toujours rêver. La France serait-elle devenue, par votre entremise, le pays des bisounours. Je ne vais pas m’étendre sur toutes vos réformes budgétaires mais en bon gestionnaire vous n’avez forcément pas perdu de vue qu’il faudra compenser toute diminution ou suppression de recette par une autre entrée d’argent. Car l’aspect le plus alarmant de votre politique c’est son côté « méthode Coué ».
Peut-être que la meilleure des réformes consisterait à supprimer la retraite et l’indemnisation du chômage. Au boulot à perpétuité et silence dans les rangs ! Votre société idéale ?
J’aurais pu m’arrêter là mais je voulais juste dire un mot sur l’habileté diplomatique dont vous avez fait preuve et que n’aurait pas renié un marchand d’armes, à l’occasion de la visite du chef d’état égyptien. Vous avez eu beau jeu de dire que l’ingérence des occidentaux dans certains pays a abouti à des situations quasi inextricables : l’Afghanistan, l’Irak, la Lybie sans oublier la Somalie en sont hélas de parfaits exemples, pour justifier votre « neutralité » au sujet de la politique intérieure de votre visiteur qui semble plus compétent pour réprimer ses opposants que pour résoudre le problème de la poudrière du désert du Sinaï. Après tout, le client est roi et Sissi impératrice. Ce jeu de mots facile ne me fait pas oublier ainsi qu’à de nombreux français que vous êtes un Président qui en peu de temps, a réussi à susciter énormément d’inquiétude. En pratiquant à mon tour la « méthode Coué » qui vous est si chère, Monsieur le Président, rassurez-nous.
Gabriel Bérard.