Il n’est nullement dans mon intention de m’attaquer à une « institution » comme le club parisien de jazz du New Morning ayant 36 ans d’existence mais à l’occasion de deux concerts auxquels j’ai assisté jeudi 12 et vendredi 13 Octobre 2017, j’ai été amené à constater « quelques flottements », c’est un euphémisme, dans son fonctionnement.
Jeudi 12, il y a d’abord eu un problème de sécurité puisque les portes d’accès n’étaient pas verrouillées et encore moins surveillées avant l’heure d’ouverture au public. Aussi des spectateurs, impatients ou ignorant les usages de l’établissement, sont entrés, pensant que l’accès était libre et ils ont été refoulés par des membres du personnel de la salle ! Ensuite, pendant le concert, en dépit de l’ambiance bouillonnante, les ventilateurs étaient tellement « à fond » que les petites laines ou les écharpes n’étaient pas de trop. Bizarre.
Vendredi 13, cela a évoqué en moi celui de novembre 2015, allez savoir pourquoi, deviendrais-je « parano », rien à dire sur la sécurité ou presque, par contre pour ce qui est des « ventilos » qui fonctionnaient là aussi à plein régime, ils se sont révélés cette fois-ci inopérants. Il est vrai que la salle affichait complet, ceci pouvant expliquer cela ! Mais ce n’est pas tout, en fin de concert, la « sono » a été brusquement défaillante et m’a privé du traditionnel rappel. Alors que j’étais en train de sortir de la salle, j’ai vu enfin les techniciens « se bouger » alors que cela faisait un bon moment que les musiciens et une partie du public tentaient de faire comprendre qu’il y avait une « couille dans le potage » ! Sans doute un problème de communication ou de compréhension mais assurément, à moins que l’on ne me prouve le contraire, un raté au niveau de la réactivité.
Heureusement pour le public et votre humble serviteur, côté musique, nous avons été vraiment gâtés. Le Jeudi 12 c’était Girma Bèyènè et Akalé Wubé. Personnellement, si j’ai bien compté, c’était la troisième fois que j’assistais à un concert de cet artiste avec ce groupe que je porte aux nues depuis quelques années comme chacun sait. Girma Bèyènè, figure légendaire de l’âge d’or de la musique éthiopienne, a enfin passé le cap de la retenue et il s’est révélé plus ouvert, plus communicatif, pour le plus grand bonheur de l’assistance. Akalé Wubé, extrêmement brillant, a apporté sa contribution avec son groove tantôt épuré tantôt enflammé. Un beau concert mettant en valeur la variété de la musique éthiopienne, salué par un public enthousiaste.
Le lendemain, vendredi 13, point de superstition mais une prestation majuscule, monstrueuse serais-je tenté de dire, du « Soul Jazz Orchestra », réduit à cinq éléments : Philippe Lafrenière, batterie, voix ; Pierre Chrétien, clavier voix ; Ray Murray, saxophone baryton, voix ; Zakari Frantz, saxophone alto, voix ; Steve Patterson, saxophone ténor, voix. Quels que soient les styles abordés, soul, jazz, tropical etc… nous avons eu droit à un véritable tourbillon avec une scénographie « tonique » et un déchaînement rythmique, sans oublier les envolées des trois saxos. Les musiciens ont mouillé le maillot au sens propre comme au sens figuré, le public également en nage étant pris d’une frénésie ahurissante. Il est dommage que ce train inlassable se soit échoué sur une « voie de garage » à la fin de la prestation. Maudite « sono » ! Je suis sorti en sueur, les guiboles en fromage blanc, les pieds incandescents et les oreilles bourdonnantes. Olivier, tu vieillis.
Si vous n’étiez pas à ces deux soirées, vous pourrez toujours vous consoler en faisant l’acquisition des derniers albums de ces formidables artistes : « Mistakes On Purpose » de Girma Bèyènè, volume 30 de la collection « Ethiopiques », paru chez Buda Musique. Saluons au passage Francis FALCETO sans qui tout cela ne serait pas arrivé. Celui de Soul Jazz Orchestra, tout à fait recommandable, s’intitule « Under burning skies » paru chez Strut Records.
Aux dernières nouvelles, la sono a pu être rétablie vendredi après mon départ. Le public qui est resté, a eu droit, selon une source fiable, à deux rappels somptueux. Patience et longueur de temps…
Olivier BENIZEAU