Selon les historiographes spécialisés, le jazz a fait son apparition en France, pour la première fois, en 1917 avec l’arrivée des troupes afro-américaines et de la fanfare du 369ème Régiment d’Infanterie dirigée par James REESE Europe.
La 26ème édition du Festival « Sons d’Hiver » a donc consacré son ouverture à ce centenaire et à James REESE Europe par l’intermédiaire d’Ernest DAWKINS et son Big Band.
Toujours en rapport avec ce centième anniversaire, le Festival a dédié deux soirées à des musiciens ayant marqué tout particulièrement l’histoire du jazz en France : Django REINHART et Sidney BECHET.
Lors du week-end de clôture comprenant deux soirées à la Maison des Arts de CRETEIL, c’est Sidney BECHET qui a donc été à l’honneur, le premier soir, vendredi 3 Février.
En première partie, c’était le quartet du batteur Matt WILSON qui était programmé et qui avait pour invitée à cette occasion, la formidable clarinettiste française, Catherine DELAUNAY. La « visite » de la musique de Sidney BECHET par cette formation s’est révélée originale et résolument moderne, tout en respectant l’esprit. Un régal !
En seconde partie, c’était au tour d’une figure légendaire du jazz, Archie SHEPP, 80 printemps bientôt, saxophones soprano et ténor, voix, de nous livrer sa « relecture » de la musique de Sidney BECHET et de ses contemporains. Par le passé, rappelons-le, Archie SHEPP a interprété, de façon très personnelle, les compositions marquantes de grands noms du jazz comme, entre autres, Duke ELLINGTON, Charles MINGUS, Thelonious MONK et Charlie PARKER. Il a toujours marqué un grand attachement pour Sidney BECHET et cela s’est ressenti au cours de sa prestation avec son sextet composé de : Olivier MICONI, trompette, Sébastien LLADO, trombone, Tom MAC LUNG, piano, Wayne DOCKERY, contrebasse, et Steve Mac CRAVEN, batterie.
Au cours de ce set, la chanteuse Marion RAMPAL a rejoint le groupe et sa présence vocale a amplifié la dimension lyrique de la musique interprétée. La version de « Petite Fleur » valait à elle seule, j’exagère à peine, le déplacement.
Archie SHEPP, particulièrement en verve, nous a fait vivre un grand moment de jazz qui lui a valu une longue ovation de la part du public.
Le samedi 4 Février, toujours au même endroit, était consacré au « versant populaire » de la Great Black Music et s’articulait en trois sets. Le premier d’entre eux, confié à Chocolate GENIUS, m’a laissé sur ma faim, c’est un euphémisme. Le second a permis de nous plonger dans la « deep soul » et le funk avec la diva Martha HIGH ayant accompagné James BROWN pendant 35 ans et n’ayant commencé sa carrière en solo que depuis une quinzaine d’années. Elle était accompagnée par un groupe italien dirigé par Luca SAPIO, grande figure de la soul, du blues et du jazz en Italie mais dont la réputation a largement dépassé les frontières de la péninsule. Avec sa voix incomparable et son immense présence scénique, Martha HIGH a capté l’attention du public qui s’est montré non seulement réceptif mais aussi enthousiaste. L’ambiance dans la salle venait de monter nettement d’un cran.
Il revenait à un autre grand personnage, James « Blood » ULMER, guitare et chant, de clôturer cette soirée avec le « Memphis Blood Blues Band » au sein duquel le guitariste Vernon REID, empêché, était remplacé par une figure de la scène new yorkaise, le guitariste Ronny DRAYTON. James Blood ULMER a joué un blues vigoureux et entraînant, nous gratifiant aussi d’un boogie-woogie de folie. Magnifique clôture de la part de cet artiste, habitué du festival, et dont chaque apparition enchante le public.
« Sons d’Hiver » devait se terminer le dimanche 5 par un bal à la Java à Paris mais un empêchement de dernière minute m’en a privé. La prochaine édition de ce festival commencera le vendredi 26 Janvier 2018 et à n’en pas douter, sa programmation permettra de démontrer, une fois de plus, la diversité, le renouvellement et la vigueur du jazz. En attendant, bravo à Fabien BARONTINI, Directeur du festival, et à son équipe pour cette belle édition 2017.
Olivier BENIZEAU