Vertige de l’ennui
Il y a peu de temps la rédac ’chef, inquiète de ma « longue absence » dans les colonnes du journal, me suggérait, si j’étais en mal d’inspiration, de faire une chronique dans le style « J’aime – je n’aime pas ». Je dois dire que j’ai trouvé l’idée séduisante surtout pour un énergumène comme moi qui suis de longue date un « paresseux contrarié ». Il faut dire aussi que je fréquente beaucoup moins les salles de concert ces derniers temps et les CD nouvellement sortis à chroniquer qui s’amoncellent sur mon bureau, ne m’inspirent toujours pas l’envie d’écrire !
J’ai alors cru ranimer la flamme, j’ai bien dit « j’ai cru », en allant mardi 15 Novembre 2016 au Studio de l’Ermitage pour assister au concert « sortie d’album » de Fred SOUL UXOREM – quintet. Si cela a eu au moins le mérite de réveiller ma plume, je n’ai pu m’empêcher, à cette occasion, de la tremper dans l’amertume.
La prestation du groupe a donc commencé devant une affluence moyenne par un « piano solo » du leader avec, sur scène, deux de ses comparses réduits au silence, Anthony JAMBON à la guitare et Chris JENNINGS à la contrebasse, vous avez bien lu le nom du bassiste il s’agit bien du musicien qui a enregistré le magnifique album « DRUM’N KOTO ». Vous aurez remarqué que je vous ai épargné les calembours trop faciles que le patronyme du guitariste a pu m’inspirer. Mon « voisin de comptoir » que je ne nommerai pas, n’a pas été en reste à ce sujet. Cette entame pour le moins lénifiante m’a laissé penser, l’espace d’un instant, que Richard CLAYDERMAN avait été cloné. Nous sommes passés ensuite à une musique interprétée en trio, juste de quoi me sortir de ma somnolence et me plonger dans une ambiance « easy listening » digne de celle diffusée dans certains lieux publics. Puis, sont arrivés « en renfort » le chanteur Ousman DANEDJO qui comptait des admirateurs dans la salle et le brillant percussionniste Stéphane EDOUARD. J’ai alors secrètement nourri l’espoir d’assister enfin à un concert vivant, annoncé comme la rencontre entre l’Occident, l’Orient et l’Amérique du sud. Hélas, je suis resté sur ma faim et il m’en aurait tout de même fallu un peu plus que les vagues évocations de Guillaume de MACHAULT et de Gabriel FAURE, pour éveiller mon intérêt, voire mon enthousiasme. Les seuls moments de grâce sont venus des chanteuses Samira BRAHMIA et Julia SARR dont j’ai la faiblesse d’être un admirateur inconditionnel. Pour les amateurs d’informations « people », Julia SARR est la compagne de Fred SOUL à la scène comme à la ville. Le final en hommage au percussionniste brésilien Nana VASCONCELOS, décédé cette année, s’est révélé entraînant. Il était temps ! Je n’ai cependant pas poussé le sens du sacrifice jusqu’à rester pour le rappel. Pour ceux que cela intéresse ou pour ceux qui cherchent un moyen sans chimie de lutter contre leurs troubles du sommeil, l’opus de Fred SOUL quintet s’appelle « La comédie des silences ». On ne rigole pas !
A bientôt.
Olivier BENIZEAU