J’ai donc ressorti ma tenue de marathonien pour couvrir une semaine de concerts variée et pleine de surprises.
Le lundi 8 Juin, « Tiens c’est une date qui m’évoque quelque chose » me dit la rédactrice en chef, c’était « Jazz à la JAVA » (soirée TERRONES), en deux sets. Je vous rassure Roland-Garros est bien terminé. En première partie, nous avons eu droit au duo Richard BONNET – Hasse POULSEN (guitares) qui ont déployé leur talent d’improvisateurs, variant les ambiances et les rythmes et évitant le piège de la durée susceptible de déclencher la lassitude. Ensuite, c’était au tour de FUTURA Expérience, ensemble à géométrie variable dont je vous ai déjà parlé, avec comme invité Sylvain KASSAP (clarinette) et comme remplaçant de luxe, Stéphane PAYEN (saxophone alto) en lieu et place de Pierrick PEDRON annoncé initialement. Le groupe a interprété, sous la direction de Jean-François PAUVROS (guitare) une musique alternant traditionnel et expérimental et permettant d’apprécier l’aisance vocale de Leila MARTIAL. Je pense avoir assisté à une des meilleures soirées de « Jazz à la Java » de la saison.
Le Mardi 9 Juin, je suis passé, c’est incontournable, au Studio de l’Ermitage pour y écouter « KUKU », chanteur nigérian et non suisse comme aurait pu le laisser penser la prononciation de son nom. Il s’agissait d’un concert « sortie d’album ». D’inspiration soul ou afro soul, comme vous voudrez, ce chanteur qui avait attiré un public nombreux, ne m’a pas pleinement convaincu en dépit d’une belle voix et d’une grande présence scénique. Question de goût ! Ou d’humeur me dit-on à la rédaction.
Jeudi 11 Juin, mes pas m’ont guidé au Triton pour assister à un hommage (on dit Tribute pour faire bien) à Franck ZAPPA donné par « The HEADSHAKERS ». Disons le tout de suite, ce groupe a relevé le défi, car c’en était un, de façon impeccable et « sur vitaminée » et a su replonger les connaisseurs (et admirateurs) dans l’ambiance des concerts du Maître. Nous avons eu droit, entre autres, à des versions convaincantes de « The Black Page » et de « Willie the Pimp ». Je me suis surpris à chanter « Hot rats Hot zitz …. ». Est-ce bien raisonnable ? Je vous épargne les moqueries entendues à la rédaction.
Comme vous avez déjà pu le remarquer je prends des libertés avec la chronologie de mes pérégrinations musicales. En effet, qu’ai-je fait le mercredi 10 ? A cette excellente question je réponds « la même chose que le samedi 13 » J’étais donc à l’Atelier du Plateau, établissement que j’apprécie beaucoup et dont je ne parle sans doute pas assez. Sans rire !
Le 10, en présence du compositeur François ROSSé dont on fêtait les 70 ans, et d’Anne MONTARON de « France Musique » qui l’a interviewé au cours de la soirée, l’Ensemble LABORINTUS (Franck MASQUELIER, flûtes, Sylvain KASSAP, clarinettes, Anaïs MOREAU, violoncelle, et César CARCOPINO, percussions) a interprété un répertoire contemporain dont des œuvres du compositeur à l’honneur, dans une ambiance jubilatoire. Une fois de plus, les absents ont eu tort.
Le samedi 13, au même endroit (pour ceux qui ont suivi), c’était la seconde soirée « Le Bal Perdu » proposée par ART SONIC « renforcé » par l’accordéoniste Didier ITHURSARRY. Cet ensemble composé de Joce MIENNIEL (flûtes), Sylvain RIFFLET (clarinette), tous deux assurant la direction musicale, et de Sophie BERNADO (basson), de Cédric CHATELAIN (hautbois, cor anglais) et de Baptiste GERMSER (cor), a proposé une relecture de la « musette » (java, valse lente), inspirée et originale. Jo PRIVAT, Gus VISEUR, Jean CONSTANTIN, Boris VIAN ont été à l’honneur. Nous avons également entendu des versions éblouissantes de la « ballade irlandaise » (un oranger sur le sol irlandais….) d’Emil STERN et Eddy MARNAY et du « Bal Perdu » de Robert NYEL et Gaby VERLOR. Une belle soirée de bal ! « Non je ne me souviens plus du nom du bal perdu …. » je m’égare !
En partant, par dérision, j’en suis arrivé à me demander si, finalement, ART SONIC n’avait pas été inspiré par le chanteur Antoine. Souvenez-vous, dans les « Elucubrations » il chantait, en parlant d’Yvette HORNER, « … ton accordéon me fatigue Yvette si tu jouais plutôt de la clarinette » !!!
La semaine a donc commencé à la Java, s’est poursuivie par la java et s’est terminée par le jazz.
« Quand le jazz est quand le jazz est là la java s’en la java s’en va… »
Dimanche 14 Juin, c’était le second jour du week-end intitulé « PARIS ROME » proposé par le Paris Jazz Festival au parc floral de Vincennes. En première partie, le brillant pianiste Giovanni GUIDI, s’est produit en solo et en seconde, le quartet du trompettiste Enrico RAVA avec Stefano DI BATTISTA, comme invité, lui a succédé. Certains pourront toujours dire au sujet du second set que c’était un « jazz de vieux » comme je l’ai entendu dans les travées. Pour moi et pour d’autres, ce fut un moment de grâce. Enrico RAVA, 75 ans, a démontré qu’il n’avait rien perdu de son lyrisme et de son attachement au swing propre au jazz. Il a reçu une « standing ovation » de la part du public à la fin de son concert qu’il a dédié à son ami Ornette COLEMAN, récemment disparu.
Enrico RAVA, bugle, Francesco Di BATTISTA, saxophone alto et soprano, Francesco DIODATI, guitare, Gabriele EVANGELISTA, contrebasse, et Enrico MORELLO, batterie, serait-ce un nom prédestiné ?
Le festival qui a commencé le 7 Juin se poursuit, tous les week-ends, jusqu’au 26 Juillet.
« Ce n’est pas tout çà mais il faut que tu ailles prendre tes gouttes » ironise la rédactrice en chef.
A bientôt, peut-être. « Quand le jazz est quand le jazz est là… ».
Olivier BENIZEAU