par Olivier Benizeau
Je devais me rendre à Toulouse pour quelques jours de congés bien mérités (Qui a dit encore ?) mais un impondérable a fait bifurquer mes pas sur Bordeaux. De vraies vacances. Rien à faire en somme.
Et puis comme disaient mes aïeux « chassez le naturel il revient au galop » et voilà que je me suis décidé à faire une nouvelle chronique bordelaise.
Lors de mon précédent séjour à Bordeaux, lieu normalement incompatible avec ma qualité de buveur d’eau mais je ne suis pas à un paradoxe près, je m’étais épanché sur ce que je croyais être un « quasi désert jazzistique » dans cette ville. A peine arrivé, j’apprenais la mise en liquidation judiciaire du « Comptoir du Jazz » dont je vous avais parlé la dernière fois et qui m’avait été présenté comme le seul lieu programmant du jazz. Loin de me décourager, je me suis donc mis à la recherche d’un autre lieu d’accueil pour ma musique préférée. Mes investigations m’ont amené à découvrir l’existence d’un bar-restaurant dénommé « Le Caillou » situé sur la rive droite de la Garonne dans le jardin botanique, et à relever que trois fois par semaine, le mercredi, le jeudi et le vendredi, des concerts de jazz y étaient programmés, le mercredi étant consacré au « free ».
En attendant de suivre cette nouvelle piste, je suis allé par curiosité, mardi 6 Mai, au Rocher de Palmer à CENON (cela vous rappelle sans doute quelque chose) pour y écouter un guitariste américain, originaire du Kansas, présenté comme « hors norme » : Andy Mac KEE. Cet artiste, soliste acoustique, considéré par la critique comme un des plus doués de sa génération, a atteint 20 millions de vues sur YouTube postées par le label indépendant CANDYRAT. Ce qui explique sûrement la forte affluence à ce concert en terre girondine. Il est incontestable qu’Andy Mac KEE est un virtuose et que sa musique flirtant avec le rock et le country rock est mélodieuse mais je me suis sacrément ennuyé durant ce concert ayant l’impression d’écouter de la « musique au kilomètre » si vous voyez ce que je veux dire par là. Finalement j’ai bien résisté à l’assoupissement qui me gagnait et j’ai donc pu dormir… à l’hôtel !!!
Et si on reparlait de jazz ?
Je reviens sur ce que j’ai écrit dans ma précédente chronique bordelaise et au début de la présente au sujet du jazz à Bordeaux. Mercredi 7 Mai je suis donc allé assister à un concert de Free Jazz au « Caillou ». En m’entretenant avec des habitués des lieux et avec les musiciens qui s’y sont produits ce jour-là, j’ai eu l’heureuse surprise d’apprendre que le « jazz pur », pour reprendre l’expression d’un de mes interlocuteurs, n’était pas autant le parent pauvre de la musique dans la capitale de l’Aquitaine que je l’avais laissé entendre, un peu hâtivement je l’avoue, précédemment. Il y a plusieurs établissements qui programment du jazz (je vous donnerai plus loin une liste qui toutefois sera non exhaustive) mais pas de façon aussi régulière comme le fait le « Caillou » depuis bientôt deux ans.
Outre les difficultés de financement propres à beaucoup d’établissements programmant du jazz en France, les évènements jazzistiques à Bordeaux souffrent d’une faible couverture médiatique.
Et le concert me direz-vous ? J’aurais souhaité un peu plus de folie et de fougue mais j’ai tout de même apprécié la musique interprétée par le duo composé de Thomas LACHAIZE (saxophones alto et ténor) et de Didier LASSERRE (batterie), ce dernier étant, je le précise pour les connaisseurs, le partenaire régulier de Benat ACHIARY. Cela faisait dix ans que ces deux musiciens n’avaient pas joué ensemble mais leur complicité n’a pas pris une ride. Vous pourrez les entendre, séparément, dans la région parisienne où ils se produisent assez souvent.
Jeudi 8 Mai le « Caillou » qui, je tiens à le souligner, est un endroit accueillant où on y mange très bien, affichait complet pour le concert de Yonathan AVISHAI et comme je n’avais pas pensé à réserver…. Sans commentaires.
Le « Caillou », sous l’égide de l’association « AT évènements », non seulement programme des concerts toutes les semaines mais il organise aussi un festival l’été. L’édition 2014, conçue en deux sessions, du 23 au 27 Juillet et du 13 au 17 Août, aura pour parrain Lee KONITZ, excusez du peu, et accueillera notamment Emile PARISIEN, François CORNELOUP, Hélène LABARRIERE, Simon GOUBERT, Alexandra GRIMAL, Glen FERRIS, Post IMAGE, Roy NATHANSON etc…. Incontestablement une belle affiche. A noter sur vos agendas.
Je ne saurais conclure ce chapitre sur le « Caillou », sans doute de peur de me faire lapider (elle est bien bonne !), sans vous parler du concert donné le vendredi 9 Mai (j’avais réservé cette fois-ci) par le François FONTES trio et consistant en un hommage à Mac Coy TYNER et disons-le, tout à fait réussi. L’ombre tutélaire de John COLTRANE n’était pas loin. J’ajoute que le batteur que je trouvais un peu trop académique, nous a gratifiés d’un superbe solo en fin de concert. J’allais oublier la composition du trio : François FONTES, Piano, Tomi METZEMAKERS, contrebasse, et Didier OTTAVIANI, batterie.
Avant le festival de jazz à Bordeaux, aura lieu « Jazz 360 » les 6, 7 et 8 Juin prochains sur trois sites de la région bordelaise : LATRESNE, QUINSAC, CENAC. Cet évènement qui comprend plusieurs animations et concerts gratuits, accueillera, entre autres, Christophe LABORDE quartet avec Giovanni MIRABASSI, Baptiste HERBIN quartet avec André CECCARELLI. Un beau week-end en perspective.
Le séjour à Bordeaux s’achève et je quitte cette ville à regret, où il est possible d’écouter du jazz dans les endroits suivants :
Café BRUN 45, rue Saint Rémi
Chez le Pépère 19, rue Georges Bonnac
Le Chat qui pêche 50, cours de la Marne
Le Bistrot Bohème 84, rue Camille Godard
Le Blueberry 61, rue Camille Sauvageau
Le Canard Jazz 9, cours de la Martinique
Le Café des jours heureux 54, rue Camille Sauvageau
Debiteri 27, rue Arnaud Miqueu
Espace Tatry 170, cours de Médoc
L’avant-scène 42, cours de l’Yser
Pour les amateurs d’ambiance musicale « afro et latino », je recommande le « Wato Sita » 8, rue des Piliers de Tutelle
Voici également quelques adresses bordelaises et d’ailleurs pour petites et moyennes faims de qualité (cuisine et accueil) :
Wok 17, rue Saint Rémi
Pitaya 42 rue Saint Rémi
Pho 24 rue du Pas Saint Georges
Kebab Express (patron très sympa) 239 Cours de la Marne
Le Pain de Soleil Place Fernand Lafargue où vous êtes priés de ne pas regarder avec trop d’insistance la sublime serveuse.
A Arcachon, un endroit sympathique : le KEZAKO 222, boulevard de la Plage.
Dans cette ville il y a une librairie, la Librairie Thiers, où l’accueil est de qualité. Elle se trouve dans la même rue que le Kezako.
En parlant de librairie, il y en a une que je vous recommande à Bordeaux, c’est la « Nuit des Rois » 38 rue des Ayres.
Je ne peux décemment clore cette chronique sans remercier la charmante (le mot est bien faible mais ne vous méprenez pas) Angèle qui m’a fait connaître le « Bordeaux by night ». Je n’en dirai pas plus sur cette personne de manière à m’épargner des sous-entendus perfides de la part de la rédaction.
Alors au revoir Bordeaux…. et Angèle ajoute malicieusement la rédactrice en chef, et à bientôt.